Pendant longtemps, j’ai confondu amour avec déchirement, avec passion, avec jalousie, avec rejet… Je pensais que plus on se faisait mal, plus on s’aimait. Et je trouvais les relations amoureuses harmonieuses, stables comme fades, sans saveur…
Si j’étais écoutée, respectée, accueillie en relation, j’avais l’impression qu’il manquait un petit quelque chose, comme une étincelle,… mais une étincelle d’insécurité en réalité… parce que c’était le modèle que m’avait offert mes parents qui semblaient s’aimer fort, ne pas pouvoir se passer l’un de l’autre, et leurs crises violentes finissaient par de fortes réconciliations où ils semblaient s’aimer encore plus. Alors qu’en fait, ils se meurtrissaient un peu plus chaque fois, sans en être conscients.
Ma mère me disait « Si je suis si dure avec toi c’est justement parce que je t’aime énormément! ». Alors, oui, j’ai longtemps cru qu’un homme qui me rejetait, m’ignorait, m’humiliait, m’insultait, me cachait des choses… le faisait par amour; que plus il était dur, plus il me prouvait son amour… Et que mon rejet, mes crises de jalousie, mes crises de nerfs.. étaient aussi à la mesure de mon amour pour lui.
Il m’en a fallu du temps pour prendre conscience de cette confusion, puis pour en sortir…
Pour savourer une relation douce, agréable, complice, câline, sincère sans prendre la fuite tellement c’était inconfortable… car inconnu, car que cela venait remettre en question toute mon enfance, et le modèle de relation amoureuse que j’avais eu.
Je ne comprenais pas pourquoi je fuyais ou je sabotais toutes les relations où j’étais regardée avec un amour tendre et que je m’accrochais à des relations destructrices… J’avais la sensation d’être maudite et je n’avais aucune confiance en moi car j’avais l’impression de ne savoir faire que du mal aux gens que j’aimais, que laisser des hommes s’approcher de mon coeur les mettaient en danger et que je ne méritais tout bonnement pas d’être aimée pour qui j’étais…
Et puis, fatiguée, lasse de cette impression de tourner sans cesse en rond, j’ai décidé de me donner les moyens de changer mon schéma de relation amoureuse, de faire tout mon possible pour être heureuse en relation et surtout dans la construction, et non plus dans la destruction!
J’ai donc choisi d’emprunter le chemin de l’Amour avec un grand A, celui qui panse, qui fait grandir, qui nourrit, qui soutien, qui voit la beauté en l’autre…
J’ai lu, écouté des conférences, vu des thérapeutes (faut souvent en essayer plusieurs avant de trouver la bonne!), j’ai discuté, j’ai observé, j’ai cogité, j’ai écrit sur mon journal et j’ai expérimenté… et ce n’est jamais terminé 😉
Au passage, j’ai pris conscience que l’Amour n’est pas quelque chose qui se donne (et qui donc ne peut être repris!), car l’Amour est une énergie qui nous traverse… quand on a le coeur ouvert… J’ai appris que l’Amour est partout, en tout temps et ne dépend pas d’un autre… mais de ma capacité à garder mon coeur ouvert, même quand il est brisé.
J’ai appris qu’une relation amoureuse constructive demande à être nourrie, embellie, choyée au quotidien par l’écoute profonde de soi et de l’autre.
J’ai appris que se respecter, nourrir ses propres besoins sans dépendre de l’autre, c’était respecter l’autre, et lui laisser sa souveraineté.
J’ai appris que l’Amour est libre, qu’il ne possède pas et qu’il implique parfois de laisser l’autre suivre un chemin différent du sien en lui souhaitant sincèrement le meilleur, aussi douloureux soit-il…
Aujourd’hui, j’apprends que c’est aussi accueillir le rythme de l’autre, ses doutes, son besoin de retour à lui… en lâchant prise sur l’issue de son introspection.
Et comme j’ai appris à faire confiance à la vie qui nous offre toujours le meilleur… (qui n’est pas nécessairement ce que l’on souhaite mais sans aucun doute ce dont on a besoin), je me sens en paix dans mon coeur.